Comment bien choisir ses couverts végétaux ? Nos conseils en grandes cultures et en viticulture

comment bien choisir ses couverts végétaux

Les couverts végétaux sont des leviers essentiels dans les systèmes de culture durables. Amélioration de la structure et de fertilité des sols, réduction de l’érosion, maîtrise des adventices, stimulation de la vie biologique… leurs bénéfices sont nombreux. Mais pour qu’un couvert remplisse efficacement ses fonctions, il est primordial de bien choisir les espèces qui le composent.

Dans cet article, nous vous proposons une approche méthodique du choix des couverts végétaux, en grandes cultures et en cultures pérennes, notamment en viticulture.

En grandes cultures : penser rotation, durée et complémentarité

1. Adapter le couvert à la rotation culturale

La première question à se poser est simple mais cruciale : quelle culture va suivre ? Le choix du couvert doit être en cohérence avec la rotation, dans une logique de complémentarité. Par exemple, si votre rotation comporte beaucoup de céréales (monocotylédones), vous avez tout intérêt à introduire des dicotylédones (légumineuses, crucifères…) en interculture, et inversement.

Attention également à éviter les risques sanitaires ou de prolifération. Implanter des variétés sensibles avant légumineuses, par exemple, peut entraîner des risques accrus de maladies ; choisir des espèces susceptibles de produire des semences ou des repousses non contrôlées, peut être problématique : comme une vesce qui redémarrerait dans un soja ou du sarrasin qui lèverait dans une betterave.

2. Choisir selon la durée de l’interculture

Le temps de présence du couvert conditionne le choix des espèces. Certaines poussent vite mais ont un cycle court (ex : pois fourrager), d’autres s’installent plus lentement mais couvrent mieux le sol sur le long terme. Pour les intercultures d’été de courte durée (3 mois par exemple), on privilégiera des espèces à croissance rapide comme les graminées d’été (sorgho ou avoine diploïde par exemple), les composées (tournesol ou nyger) ou les crucifères, sans oublier les légumineuses rapides (pois fourrager, trèfle d’Alexandrie, fenugrec et gesse, etc.). À l’inverse, pour un couvert qui doit durer 6 à 9 mois, on misera sur des mélanges plus équilibrés et diversifiés, capables de tenir tout l’hiver.

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Mélange de couverture estival dans la vallée du Rhône

En viticulture : objectifs agronomiques, terroir et périodes de semis

Dans les cultures pérennes comme la vigne, le choix des couverts végétaux repose sur une approche à la fois technique et contextuelle. Trois grands paramètres doivent être pris en compte : les objectifs agronomiques, les caractéristiques du terroir, et le moment du semis.

1. Définir les objectifs du couvert

Un couvert peut répondre à plusieurs fonctions selon les priorités de l’exploitant ou les contraintes de la parcelle. On peut chercher à structurer le sol en profondeur, à produire de la biomasse pour restituer de la matière organique et de la fertilité, à modérer la vigueur de la vigne par une concurrence ciblée, ou encore à limiter l’érosion sur les pentes sensibles… À chaque objectif correspond un type d’espèces adapté : graminées pour leur polyvalence, crucifères pour leur effet nettoyant rapide, légumineuses pour leur apport en azote, etc.

2. Trouver des espèces adaptées au terroir

Le sol impose ses lois : un sol pauvre en matière organique bénéficiera davantage d’espèces capables de fixer l’azote atmosphérique, comme les légumineuses. Dans un sol sec ou peu profond, on évitera les espèces à forte demande hydrique comme les moutardes, au risque de les voir fleurir prématurément. Et dans les terres compactes ou hydromorphes, certaines graminées rustiques offriront de meilleurs résultats en termes de couverture et de développement racinaire.

3. Choisir les espèces en fonction de la période de semis

Un semis d’été, entre août et septembre, permet de profiter du premier pic de minéralisation et d’un développement rapide, à condition de choisir des espèces capables de supporter la sécheresse estivale et qui se développent rapidement, comme le radis chinois, le sarrasin, des graminées comme l’avoine diploïde, l’orge, ou encore le tournesol, le pois, le lin, etc. À l’inverse, un semis plus tardif, à l’automne, offre une couverture hivernale intéressante et permet également de fixer l’azote, mais expose le couvert à un développement plus lent et à une concurrence possible avec la vigne au printemps si le couvert n’est pas détruit à temps et pas bien maîtrisé. On privilégiera plutôt de la féverole, du pois, des vesces soigneusement sélectionnées, des radis fourragers ou encore des céréales (avoine, blé, seigle, triticale) qui sont intéressantes pour une plantation tardive.

Dans tous les cas, il est possible de moduler spatialement l’implantation du couvert selon les objectifs agronomiques : alterner des rangs semés et des rangs travaillés, par exemple, permet de concilier couverture du sol, gestion de la vigueur, et passage du matériel.

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Couvert de trèfles et radis chinois dans le secteur Du Cannet des Maures le 20 mars 2025

Mélanger les espèces : la clé de la résilience

Que vous soyez en grandes cultures ou en viticulture, le mélange d’espèces est l’un des meilleurs leviers pour réussir vos couverts. Chaque plante a ses atouts, mais aussi ses limites. En les associant, on maximise les bénéfices tout en compensant les faiblesses individuelles.

Un mélange bien conçu permet :

  • Une meilleure exploration racinaire (plantes pivotantes + fasciculées),
  • Une occupation optimale de l’espace aérien et souterrain,
  • Une résilience accrue face aux aléas climatiques ou sanitaires.

💡 Astuce : viser un mélange de 4 à 8 espèces, avec au moins 50 % de légumineuses, garantit un bon équilibre entre production de biomasse, restitution azotée et facilité de destruction.

Un bon choix, c’est bien… une bonne implantation, c’est mieux !

Pour conclure, rappelons qu’un couvert réussi repose sur trois piliers : un choix d’espèces cohérent, un semis bien réalisé, et une gestion adaptée à chaque contexte. Le meilleur mélange du monde ne donnera rien s’il est semé trop tard, trop profond ou dans un sol non préparé.

 

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Couvert bien développé dans le Gard composé de féverole, radis, pois fourrager

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