La fondation Earthworm annonce

la création du premier indicateur de la santé des sols

Une première pour le monde agricole et pour tous ceux qui sont engagés pour le développement de l’agriculture régénératrice.

A l’occasion de la Journée mondiale des sols le 5 décembre prochain, Bastien Sachet, directeur de la fondation Earthworm à l’initiative du projet Sols Vivants, un collectif d’acteurs économiques, de scientifiques et d’agriculteurs engagés en faveur d’une agriculture régénérative, prend la parole et annonce la création du 1er indicateur de mesure de la santé des sols agricoles.

« La journée des sols est utile pour rappeler que le sol nous porte et nous nourrit » commence Bastien Sachet. Avec le 1er indicateur de santé des sols agricoles, notre objectif est que ce soit tous les jours la journée des sols afin que la transition agricole s’accélère dans les filières, avec les entreprises, les agriculteurs et les acteurs des territoires. Quand on commence à mesurer des résultats, une performance environnementale, une performance économique, on peut changer d’échelle et déployer une nouvelle approche du développement agricole, bénéfique pour tous. Tel un pilote d’avion qui a besoin de connaître son altitude, sa vitesse, l’agriculteur est un pilote du vivant qui a besoin, avec ses clients de connaître la santé de son sol, le contenu en carbone, sa fertilité »

Combiner rigueur scientifique et praticité terrain

Auparavant seule la fertilité chimique était mesurée et celle-ci était étroitement liée à la vente d’engrais. Avec le nouvel indicateur, co-créé par des scientifiques réunis dans un comité, des praticiens et des agriculteurs (comme Pascal Boivin, Annie Duparque, Matthieu Archambeaud, Paul Robert), les équipes de Sols Vivants ont travaillé pour combiner rigueur scientifique et praticité terrain et faire naitre ce nouvel instrument de mesure attendu de toutes les parties prenantes.

« Aujourd’hui les regards se tournent vers la teneur en matière organique (humus = carbone), son influence sur la fertilité et la qualité des sols, sur leur vulnérabilité, leur adaptation au changement climatique » explique Pascal Boivin, chercheur à l’Hepia à Genève, et membre du comité scientifique du projet Sols Vivants. « La santé des sols passe avant tout par des sols dont la teneur en humus est bonne, et c’est pourquoi nous avons établi cet indicateur, qui permet d’accompagner la transition agricole et la séquestration de carbone ».

Annie Duparque, agronome chez AgroTransfert-RT et membre du comité scientifique de « Sols Vivants » travaille sur la mise au point et les usages d’outils de mesure du carbone organique et d’évaluation des variations de statut organique dans les sols en fonction des pratiques culturales adoptées par les agriculteurs. Elle souligne que « la reconquête de la fertilité organique des sols sur le court et le long terme est une préoccupation montante chez nombre d’agriculteurs, que la poursuite d’objectifs ambitieux, tels que mis en valeur dans contexte du 4 pour 1000, suppose de disposer d’outils et de méthodes à la fois rigoureuses et faciles à appliquer en parcelles agricoles. De fait, il faut commencer à bien connaître et donc bien mesurer l’état organique initial d’un sol pour pouvoir apprécier avec assurance son évolution dans le temps ».

1 Million d’hectares en transition vers une agriculture régénérative d’ici 2025 !

« On entend beaucoup parler de transition vers l’agriculture régénérative comme l’un pilier de développement d’une bioéconomie durable » témoigne Philippe Vasseur, ancien ministre de l’agriculture, de la pêche et de l’alimentation, parrain de l’initiative, et Président de la Mission REV3. « L’atout de l’Initiative Sols Vivants est d’être un démonstrateur concret à l’échelle d’un territoire régional, les Hauts-de-France. C’est en cocréant ensemble le changement, entre acteurs d’une filière, qu’une telle transition pourra s’opérer ».

La mission de Sols Vivants est plus que jamais d’accompagner et accélérer la transition vers une agriculture régénératrice, qui améliore la santé des sols, la prospérité et la résilience des agriculteurs, et in fine, la santé de tous. Depuis plus de 20 ans, la fondation Earthworm travaille à la transformation des filières agroalimentaires et forestières pour les rendre plus durables. Elle s’inscrit dans une culture pragmatique, en travaillant avec les entreprises, les fournisseurs et les agriculteurs, mais aussi les autres acteurs du territoire comme les chambres d’agriculture, les associations techniques et les experts.

Aujourd’hui, le travail s’accélère dans les Hauts de France et en Champagne avec des entreprises comme Nestlé – qui a récemment publié une feuille de route climat/agriculture ambitieuse – Purina, Herta, Bonduelle, Mc Cain, Lidl, Cérélia et certains de leurs fournisseurs moteurs sur le sujet comme Noriap, Cirhyo, Soufflet et d’autres qui sont en train de rejoindre la démarche.

« Au final nous sommes tous clients des mêmes agriculteurs qui produisent une année des légumes, la suivante du blé, l’autre des pommes de terre et donc c’est logique que nous travaillions ensemble sur un sujet de cette importance » souligne Christophe Klotz, directeur de la RSE chez Nestlé France.

« Tout l’enjeu est de structurer les filières afin de créer de la valeur ajoutée pour les agriculteurs, pour nos adhérents : nous accueillons positivement le fait de s’engager dans un projet collaboratif qui intègre tous les maillons de la chaîne, de l’amont vers l’aval, qui intègre les problématiques des agriculteurs dès le départ, plutôt que d’imposer aux agriculteurs un nouveau cahier des charges. C’est un projet qui est pris dans le bon sens mais également très structurant » poursuit Philippe Florentin, DGA de Noriap.

« Mesurer la santé des sols, et ainsi les potentiels stocks de carbone est un point de départ concret pour initier une conversation avec les techniciens des coopératives et des négoces sur le terrain, et les agriculteurs » explique Matthieu Archambeaud, Président d’Icosystème, qui est l’un des principaux partenaires techniques de Sols Vivants. « C’est un travail long , technique et humain à la fois, car il faut respecter le temps de la nature et celui de l’agriculteur tout en combinant l’urgence d’adapter notre modèle agricole aux contraintes climatique et économiques de demain, et répondre à la demande du marché et des consommateurs ».

Est-ce la fin de « l’agriculture de cahier des charges » où les marques spécifiaient aux agriculteurs les pratiques qu’ils devaient réaliser et le faisaient valider par un label ? Peut-être pas, mais l’émergence d’une « agriculture de résultats » où l’on regarde si la parcelle stocke du carbone ou non (par exemple) et où l’agriculteur reste libre d’atteindre le résultat à sa manière, en pilotant son système en fonction des contraintes et opportunités de sa ferme, présente un intérêt certain et est à suivre de près. En fonction des résultats de santé du sol, on peut en effet flécher toutes sortes d’incitations financières, de rémunérations, de paiement pour services écosystémiques (carbone, eau).

« On demande aujourd’hui aux agriculteurs de nourrir les consommateurs avec des produits de qualité, résoudre la crise climatique, prendre soin de la biodiversité et faire vivre les campagnes. Ils travaillent au quotidien pour tenter de répondre à ces attentes, mais il ne faut pas les laisser seuls face à cette équation complexe. C’est un effort collectif qui ne se réalisera pas sans des incitations financières, une valorisation par des appuis concrets, et c’est le futur » termine Samuel Vandaele, président du syndicat Jeunes Agriculteurs et partenaire de Sols Vivants.

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